Protection des enfants et jeunes migrants au Sénégal – le rôle des équipes mobiles de volontaires
Dans le cadre des activités du projet Amélioration de la protection des Enfants et Jeunes en mobilité sur les principales routes migratoires en Afrique de l’Ouest (PROTEJEM), des équipes mobiles ont été constituées pour faciliter l’identification et le référencement pour une prise en charge rapide des enfants et jeunes migrants (EJM).
Comme l’indique le nom, les équipes mobiles se déplacent sur le terrain au moins quatre fois par mois, de jour comme de nuit, à la recherche d’enfants et jeunes vulnérables en mobilité, notamment dans les gares routières, marchés ou autres zones agglomérées.
« Nous faisons des sorties sur le terrain, des tournées de rues au niveau des points stratégiques pour trouver des migrants. Nous discutons avec eux pour voir ce qui les motive à migrer, leur point de départ et leur destination et en fonction de leur réponse et de leur situation de vulnérabilité, nous les réorientons au niveau du système formel de protection de l’enfant pour prise en charge. S’ils optent de continuer leurs parcours, nous les sensibilisons et leur donnons toutes les informations nécessaires pour avoir un parcours sans dangers », explique Youssouf, membre volontaire de l’équipe mobile de Diaobé (Kolda), lui-même ancien migrant.
Dans une zone comme Diaobé qui est au carrefour entre la Guinée Bissau, la Guinée, la Gambie et le Sénégal, la planification des sorties de l’équipe mobile est corrélée avec le programme de la gare routière. « Nous sortons le plus souvent les mercredis car c’est le jour de départ des bus vers Fouta, Matam, Tambacounda, et cela nous donne l’occasion de rencontrer les enfants et jeunes en mobilité venant de la Guinée et de la Guinée Bissau », ajoute Youssouf.
Selon l’adjoint du chef de garage de Diaobé: "des jeunes migrants dorment souvent à même le sol dans les garages. Ils se retrouvent exposés à de nombreux dangers tels que l’exploitation, les abus, les violences, la sous-alimentation, etc". A cela s’ajoute aussi le manque d’accès aux services sociaux de base en termes de santé, éducation, nourriture et hébergement.
Lorsque les équipes mobiles procèdent aux identifications, elles référent les enfants et jeunes migrants vers les structures formelles partenaires du projet, notamment le service de l’Action Educative en Milieu Ouvert (AEMO) ou encore les centres d’accueil, de transit et d’hébergement, afin de leur assurer une prise en charge selon leurs besoins et vulnérabilités. Pour qu’un EJM puisse être placé dans un centre, le juge, à travers l’AEMO, délivre une Ordonnance de Garde Provisoire.
Le référencement vers un centre est précédé d’une discussion avec l’enfant ou jeune en mobilité pour obtenir son consentement à être orienté vers les structures formelles de prise en charge. Seynabou Ndiaye, cheffe du projet PROTEJEM au Sénégal, explique : « Nous avons formé les équipes mobiles pour effectuer la première écoute mais aussi sur d’autres aspects liés à la protection des enfants. Si l’enfant veut continuer sa route, l’équipe mobile lui fournit toutes les informations nécessaires et utiles adaptées à sa route migratoire, comme par exemple en matière de sécurité, des services de protection existants le long de la route en cas de besoins, risques, et ainsi de suite ».
PROTEJEM est un projet régional financé par l’Union européenne, à travers son Fonds Fiduciaire d’Urgence pour l’Afrique, à hauteur de 5 millions d’euros (plus de 3,2 milliards de F CFA). Il est mis en œuvre par Save the Children et Terre des Hommes et apportera une assistance à 29.700 enfants de moins de 18 ans et jeunes jusqu’à 25 ans en situation de mobilité en Côte d’Ivoire, en Gambie, en Guinée et au Sénégal.
N. Anta NDIAYE, Coordinatrice Communications et Médias, Save the Children Sénégal